Le millésime 2021

Le millésime 2021

  • An IV du Chemin.
  • Nous débutons la campagne de taille début janvier, gonflés d’énergie par le résultat du précédent millésime dont le cœur de l’hiver a confirmé qu’il comblerait (nos attentes : des vins à la fois frais, équilibrés et complexes, les idées/envies de micro cuvées fusent, l’envie d’accentuer les efforts s’en trouve décuplée… Bref, nous sommes portés par le sentiment d’avoir réussi le millésime III et avons encore plus envie de bien faire cette nouvelle année.Nous disposons désormais de 9,5 hectares, à la faveur de la signature de 2 hectares supplémentaires en fermage, à savoir des grenaches sur la commune d’Arboras (dont on ne présente plus le terroir argilo-calcaire qui nous est cher) et une fantastique parcelle de vieux carignan et cinsault sur le mythique terroir des Combariolles sur la commune de St André de Sangonis.Le parcellaire est bien constitué. Un hectare de blanc et nous pourrons considérer que le sujet est définitivement consolidé. Côté « cave », aucune certitude quant à l’obtention d’un permis de construire mais enfin un espoir bien réel sur cette même parcelle des Combariolles. Nous continuons de travailler d’arrache-pied sur le sujet car nous avons l’impératif de vinifier l’intégralité de notre parcellaire pour tenir nos objectifs.Retour côté « vigne ». Pris de court par la précocité de 2020, l’objectif est de débuter après le solstice d’hiver pour terminer la taille fin mars, en espérant un débourrement le plus tardif possible. L’ambition a été une nouvelle fois douchée par un  hiver particulièrement doux et sec, de sorte que la vigne était toute voile dehors la dernière semaine de mars.

    Arrive alors la première véritable « calamité agricole » de notre jeune expérience avec l’épisode de gel des 7 et 8 avril 2021. Des températures avoisinant les -6 degrés durant 2 nuits ravagent à quasi 100 % toutes les parcelles situées à moins de 150 mètres d’altitude, soit en ce qui nous concerne un tiers de la surface en production. Nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur en regardant les dégâts encore plus significatifs subis par les domaines amis avoisinant.

    Une fois le coup moralement encaissé, il faut repartir de l’avant car, double peine, une vigne qui a gelé – qui ne donnera donc peu ou pas de raisins – doit néanmoins faire l’objet des mêmes attentions que les vignes non touchées pour repartir sur de bonnes bases l’année suivante.

    Cela s’est traduit par un printemps laborieux, nécessitant un ébourgeonnage minutieux des vignes gelées en se projetant sur la taille de l’année suivante, dont nous pressentons déjà qu’elle sera techniquement complexe, physiquement éreintante… Bref, bien plus de travail pour des vignes dont le niveau de récolte sera proche du néant.

    Dans le fond, il fallait sans doute ce premier véritable coup dur pour avoir l’étrange sentiment d’être « dans le grand bain ». Et si l’on regarde l’aspect positif des choses, aussi dur moralement qu’ait pu être cet épisode, cela nous a surtout permis d’acquérir une nouvelle expérience, de comprendre le fonctionnement de la vigne lorsqu’elle subit une agression tel que cet épisode de gel exceptionnel d’avril 2021. A toute chose malheur est bon, nous avançons.

    Ce printemps a ressemblé en bien des aspects à celui de 2020. Un niveau de précipitations élevé pour la région en cette période a permis à la vigne de disposer de toutes les réserves hydriques nécessaires pour faire mûrir des fruits généreux.  Nous faisons nos premiers essais de « semis », l’objectif étant de réfléchir à un enherbement choisi permanent permettant de mieux gérer la réserve hydrique des sols (par préférence à un sol complètement nu). Il s’agit clairement d’une route que nous allons emprunter et peut-être généraliser dès que nous en aurons les moyens.

    Les vignes non impactées par le gel ont livré de généreux raisins. Nous garderons longtemps en mémoire les vendanges de notre plus vieille parcelle de Carignan, objet de toutes nos attentions manuelles compte tenu de ses caractéristiques de plantation la rendant difficilement mécanisable (synonyme de pioche mais aussi de traction animal #merciCosinus!), qui nous a offert une récolte au-delà de nos attentes…

    Ce millésime 21 se poursuit en cave. Ayant débuté dans la souffrance, il était sans doute écrit que l’épilogue se devait être tout aussi pénible. Des fermentations à n’en plus finir, l’angoisse quotidienne de vins ne correspondant plus à nos exigences, des bonhommes sans solution et à bout de nerfs la tête plus de 2 mois après le commencement des vendanges…

    Finalement, les jus se sont révélés tout aussi équilibrés que 2020 et complètement cohérents avec les niveaux de maturité recherchés à la vigne. Fierté du travail accompli, d’être parvenus à s’entraider pour ne pas flancher devant ce millésime au combien exigeant… Les têtes ont enfin pu relâcher la pression, les corps recharger les batteries pour mieux se projeter dans l’avenir. Énergie décuplée à la dégustation de ce millésime 21, dont l’harmonie tranche singulièrement avec l’énergie déployée pour en accoucher,

    Ce quatrième millésime fût donc intense de bout en bout. Nous avons pu mesurer la charge physique et émotionnelle dictée par un millésime « difficile ». Et s’il nous arrive évidemment de nous souhaiter un millésime suivant plus paisible que ce mémorable numéro IV, nous nous savons désormais riches de cette expérience, ce qui ne sera sans doute pas du luxe dans les années à venir !

     

     

     

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Notre vieux Carignan de St Saturnin particulièrement en forme et généreux dans ce millésime 2021

Tél. +33663429981
Tél. +33662501821
Domaine de Salente
34150 GIGNAC